Caractériser les lentilles d’eau douce des atolls habités, et émettre des recommandations de gestion de cette ressource

Les atolls coralliens disposent de deux sources d’eau douce :

• la pluie qui, bien qu’aisément accessible, peut devenir rare lorsque les périodes de sècheresse se prolongent sur plusieurs semaines voire mois ;
• les lentilles d’eau, aquifères souterrains présents sous certains îlots.

Les îlots élevés sur des formations récifales abritent des aquifères souterrains qui représentent des réserves d’eau douce. Dans les régions océaniques, où l’eau douce est précieuse et rare, la lentille souterraine représente une ressource substantielle (voire essentielle) pour des populations dont les besoins augmentent. Une lentille d’eau est le résultat d’un équilibre des pressions hydriques dans le sol, que l’eau soit douce ou salée. Les pompages n’ont pas d’influence sur les volumes d’eau disponibles (ensemble de l’eau douce, de l’eau saumâtre et de l’eau salée). Ils peuvent, par contre, modifier l’équilibre entre eau douce et eau salée en faisant remonter la zone de transition et en augmentant sa proportion face à l’eau douce

Théoriquement, la présence et le volume de ces lentilles d’eau douce dépendent de l’étendue de l’îlot.  La nature du sol, la végétation en surface et l’usage anthropique participent également à leurs caractéristiques. Cependant, la caractérisation physique des lentilles d’eau et leur dynamique sont mal connues alors qu’elles pourraient devenir vitales pour la survie des habitants lors des crises à venir.

Les enjeux sont importants, tant pour le développement de la présence humaine que pour l’agriculture sur atoll ou la préservation d’une biodiversité unique. Il est aujourd’hui urgent, dans un contexte de changement climatique et de montée du niveau des océans, d’acquérir une meilleure connaissance de cette ressource en eau douce souterraine, autant dans sa caractérisation physique que dans l’étude de sa dynamique face aux pressions multiples qu’elle peut subir. Certains travaux ont déjà été initiés (ex : Fakarava, Tikehau) ; dans la perspective des évolutions climatiques il est vital de poursuivre ces travaux et de les mener sur l’ensemble des atolls habités.

La pression anthropique est la principale, presque la seule, raison d’une dégradation de la qualité de l’eau dans la lentille des atolls. Des prélèvements d’eau trop fréquents et en trop grandes quantités font inexorablement monter le niveau de salinité. En analysant les usages, il est possible de développer un protocole simple pour permettre à la fois de disposer raisonnablement de cette ressource souterraine précieuse sans trop modifier son équilibre. Mais il faut avant tout équilibrer besoins et ressources. C’est évidemment en jouant sur les deux aspects de la question qu’il sera possible d’assurer la présence humaine avec des communautés résilientes sur ces terres éloignées.