Développer les zones d’expansion de crues (ZEC) à l’amont des espaces urbanisés
Publié 09-08-2024 par AE_LudovicSchneiderPermalien
Trouver de véritables solutions à long terme pour la gestion des crues dans les îles hautes, afin de protéger les biens et les personnes grâce à des Solutions fondées sur la Nature.
Début du projet | Fin estimée | Fin effective |
01-09-2024 | 31-12-2030 | n.c. |
Finalités
- ☑ La lutte contre le changement climatique
- ☑ La préservation de la biodiversité, des milieux et des ressources
- ☐ La cohésion sociale et la solidarité entre les territoires et les générations
- ☑ L’épanouissement des êtres humains
- ☐ Une dynamique de développement suivant des modes de production et de consommation responsables
Les débordements des cours d’eau menant à des inondations dans les plaines littorales sont de plus en plus fréquents, et donc préoccupants. L’occupation humaine s’est en effet largement développée au cours des dernières décennies dans les îles hautes de Polynésie française. La recherche d’espace pour les constructions a poussé les aménageurs à gagner toujours plus de terrain sur le champ d’écoulement des rivières, menant à imperméabilisation des sols et à la canalisation des eaux et donc la disparition quasi totale des méandres naturels des rivières, qui sont devenues très rectilignes.
Les zones de plaines présentent, par définition, une pente faible vers le lagon ou l’océan, ce qui ralentit considérablement l’écoulement. En cas de crue importante, lorsque les zones d’expansion de crues ont été urbanisées, l’eau n’a plus d’espace pour s’étendre au-delà de son lit moyen. La conséquence est une montée du niveau d’eau dans le chenal d’écoulement et des débordements inévitables, entrainant des inondations potentiellement dévastatrices. Or, les inondations des zones urbanisées causent 40% des accidents mortels dus aux catastrophes naturelles dans le monde, et les prospectives en cours dans le cadre de l’adaptation aux changements climatiques montrent que les inondations pourraient être exacerbées dans les années à venir, y compris du fait de l’élévation du niveau de la mer.
Les réponses apportées jusqu’à présent aux problèmes d’inondation s’appuient sur une stratégie « classique » cherchant à évacuer l’eau le plus vite possible vers les embouchures, stratégie qui a montré ses limites. Les lits des rivières sont curés, creusés et parfois totalement canalisés dans des structures bétonnées, occasionnant des travaux colossaux et très onéreux qui nécessitent un volume énorme de matériaux (ciment, sable, granulats) prélevés dans des îles (alors que ces ressources s’épuisent). En outre, ces structures entrainent des dégâts encore plus importants à l’aval, car l’accélération de l’écoulement dans un lit de béton génère une énergie décuplée. Le côté temporaire que représente une action de curage doit également être souligné, du fait de la continuité et de l’importance du transport sédimentaire dans les rivières polynésiennes. Enfin, d’un point de vue écologique, ces solutions « grises » sont désastreuses car elles éliminent les habitats des espèces aquatiques amphihalines et l’ensemble des services écosystémiques qui y sont associés.
Face à ce sombre constat (aggravation de la gravité et de la fréquence des inondations en aval, érosion des berges, surcreusement ou au contraire envasement des cours d’eau nécessitant de fréquents et coûteux curages, sécheresse induite par une ruissellement trop important qui empêche l’eau de s’infiltrer dans les nappes, pollution des lagons..), et la perspective de phénomènes météorologiques toujours plus intenses, il est urgent de réfléchir à des solutions alternatives.
Une zone d’expansion de crue (ZEC) est un lieu où a crue des cours d’eau peut s’étendre rapidement avec un très faible risque pour les personnes et les biens, permettant d’atténuer l’impact d’une inondation dans d’autres lieux plus sensibles situés en aval. Ce sont souvent des zones naturelles ou agricoles qui peuvent être entourées d’ouvrages type noues, digues et retenues d’eau temporaire.
La création de ZEC est la solution efficace et pérenne aux problèmes d’inondations dans les îles hautes urbanisées de Polynésie française. Dans les zones très urbanisées, il est difficilement envisageable d’augmenter la largeur du lit sans passer par des expropriations, incompatibles avec la pression foncière. Il conviendrait alors d’évaluer la mise en place de ZEC à l’amont des secteurs habités, permettant de délimiter des espaces de débordement contrôlés pour que l’eau s’étende et perde son énergie afin d’atténuer l’onde de crue. Les niveaux de débordement et de remplissage de ces espaces laissés vierges peuvent être contrôlés, comme le débit qui rejoint la rivière vers l’aval.
Ces zones ne sont pas perdues pour les activités humaines, on peut tout à fait envisager d’y développer une agriculture à cycle court (ex : pâturages inondables, tarodières, roselières...) qui sera ponctuellement inondée, mais qui s’appuiera sur des terres fertiles nourries par les apports alluvionnaires de la rivière, ou bien des itinéraires touristiques, par exemple si l’on recrée des zones humides favorables à la biodiversité. Elles peuvent également faire fonction de corridors biologiques en recréant des habitats favorables à certaines espèces protégées. Ces zones peuvent enfin être aménagées de manière à fixer les polluants afin qu’ils ne s’insèrent pas en aval du cours d’eau.
Cette action vise à évaluer de manière stratégique la possibilité de mettre en place des ZEC dans les îles hautes. Des études intégrant l’évaluation des flux, les zones inondables, les études de risques et les outils réglementaires doivent être menées dans un premier temps, afin d’identifier l’emplacement et la succession géographique possible des ZEC. Lorsque des espaces sont disponibles à l’amont des secteurs urbanisées, des modélisations hydrauliques pourraient être réalisées afin d’apprécier l’intérêt de transformer ces sites en ZEC. Ces études permettront d’envisager des alternatives aux approches purement mécaniques, qui permettront d’améliorer la résilience du Pays aux évènements climatiques à venir.
Ces considérations pourraient être ensuite intégrées dans la réglementation urbaine, de manière à systématiser cette approche.
Une fois les sites sont identifiés, il s’agira d’aménager les ZEC et de mettre en place une gestion sur le long terme de ces zones.
Tâches programmées
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à faireIdentifier les rivières à enjeux où il sera possible d’aménager des ZEC
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à faireMener les études hydrologiques incluant des modélisations hydrauliques pour évaluer et comparer différentes solutions de gestion des crues
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à faireCommuniquer sur les recommandations auprès des décideurs et des habitants, afin d’encourager une évolution du cadre réglementaire
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à faireAménager les ZEC en sécurisant le foncier
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à faireDévelopper les compétences localement pour aménager et gérer ces sites
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à faireAdopter un plan stratégique à horizon 2050 pour gérer le risque inondation
Impacts
Portage potentiel par GEGDP
Entre 4 et 8 millions par étude pour chaque cours d’eau (à affiner en fonction de la rivière et des enjeux)
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